Le 12 juin dernier, FATEC, spécialiste de la mobilité en entreprise, a réuni ses clients et partenaires pour une journée de conférences et d’ateliers. L’objectif était de partager retours d’expériences et conseils autour de la mobilité durable avec, pour mot d’ordre, de permettre à chacun “d’activer les possibles”. La thématique de l’électrification des flottes a été largement abordée, sous plusieurs angles : état des lieux du marché des véhicules électriques, déploiement des infrastructures de recharge, fiscalité verte, conduite du changement auprès des collaborateurs, etc.
Les témoignages d’acteurs engagés, tels qu’Onet et Kéolis Santé, ont permis d’identifier les leviers concrets et les bonnes pratiques pour initier ou accélérer le verdissement des flottes.
1) Casser les codes et les idées reçues
En termes d’électrification, les idées reçues ont la vie dure ! Peur du manque d’autonomie des véhicules, du manque d’infrastructures de recharge, coût élevé de l’électrification… nombreux sont les freins, supposés ou réels, qui font obstacle au verdissement des flottes.
Pour lever ces freins de façon pragmatique, les acteurs ayant franchi le pas sont unanimes quant à la nécessité de s’appuyer sur les datas et les chiffres, en commençant par le TCO dans une vision complète des coûts, et non strictement limitée au loyer loueur des véhicules.
Ainsi, lors d’un atelier consacré à la fiscalité verte, FATEC a comparé en détail les TCO de véhicules thermiques et électriques. Le calcul effectué avec un outil de simulation donne un résultat sans appel : une entreprise peut réaliser entre 8 et 22% d’économies, en passant d’un véhicule thermique à un véhicule électrique.
Si les prix catalogues et les loyers mensuels loueurs sont effectivement plus élevés pour les véhicules électriques que pour les thermiques, le TCO global penche nettement en faveur de l’électrique dès lors que sont intégrés le coût de l’énergie et le coût de la fiscalité, sans même parler de l’impact de l’intégration de véhicules électriques sur les pénalités de verdissement.
Par exemple, pour une loi de roulage de 48 mois / 120 000 km :
● Peugeot 3008 1.2 Hybrid 145 e-DCS6 Allure :
- Loyer mensuel loueur : 330€
- Coût mensuel énergie : 253€
- Coût mensuel fiscalité : 307€
- Prix catalogue : 33 683€
- TCO sur la durée de détention : 42 747€
● Peugeot E-3008 Bev 73 kmh Allure :
- Loyer mensuel loueur : 538€
- Coût mensuel énergie : 133€
- Coût mensuel fiscalité : 108€
- Prix catalogue : 39 567€
- TCO sur la durée de détention : 37 417€
Au-delà du TCO, les outils de modélisation de FATEC ont également permis de déconstruire les idées reçues, notamment quant au temps dédié à la recharge : en supprimant le temps passé à rejoindre une station essence et le temps nécessaire pour faire le plein (sans même parler d’un éventuel temps d’attente), la recharge électrique, effectuée majoritairement en temps masqué sur site professionnel ou à domicile permet de gagner du temps. Par exemple, sur un cas client concret, le gain de temps a été estimé en moyenne à 1h06 par mois par véhicule en tenant compte de 3 recharges d’urgence en itinérance par semaine.
2) S’appuyer sur les données pour évaluer les usages réels
En pré-requis à toute démarche d’électrification, les acteurs insistent sur la nécessité de s’appuyer sur les usages réels, notamment en exploitant les données issues des cartes carburant. L’analyse de ces données peut permettre, par exemple, de réaliser un audit de compatibilité des conducteurs ou des véhicules à l’électrification.
Christophe Hégron, Directeur Études et Méthodes chez Kéolis Santé précise : “Il est également nécessaire de réévaluer régulièrement les usages pour établir une gestion des plannings de recharge cohérente avec les besoins du terrain, en particulier lorsque les véhicules font partie intégrante de l’outil de production de l’entreprise, comme c’est le cas pour les ambulances de Kéolis Santé”.
Là encore, les outils de modélisation permettent une approche au cas par cas, et des prises de décision adaptées aux réalités opérationnelles : réorganisation des secteurs, ajustement des tournées, ou encore optimisation de l’affectation des véhicules.
3) Conseil pratique : soigner sa recharge
Sur le plan pratique, l’installation des bornes de recharge reste un point de vigilance majeur pour les entreprises en voie d’électrification. Muriel Duguay, Directrice Transition Environnementale chez Onet, insiste sur l’importance de bien choisir son installateur de bornes : “Il doit être capable de gérer tout le processus, y compris le système de supervision des bornes. Cela permet, d’une part, de suivre les consommations des points de recharge en temps réel, et, d’autre part, de régler 80% des dysfonctionnements en réduisant les délais d’intervention grâce à une prise en main à distance des bornes. Il convient également de s’assurer que les bornes soient paramétrables pour ouvrir l’accès aux collaborateurs et intervenants sur site le cas échéant.”
Muriel Duguay invite par ailleurs à être vigilant quant aux problématiques d’accès à l’électricité : “Il faut bien étudier les distances entre borne de recharge, tableau électrique (TGBT) et point de livraison pour optimiser les coûts de génie civil. Une vraie gestion de projet doit être mise en place pour éviter tout écueil lié à l’approvisionnement”.
4) Conduite du changement et levier de fidélisation
Enfin, les intervenants ont évoqué la conduite du changement et présenté leurs bonnes pratiques RH pour faire de l’électrification un levier de fidélisation et de recrutement de collaborateurs.
Parmi les conseils évoqués pour embarquer les collaborateurs dans la démarche d’électrification, les experts préconisent de procéder par étape : pour les membres de la Direction (Comex, Codir, Conseil d’administration), donner l’exemple en étant les premiers à rouler en électrique, puis, identifier les volontaires parmi les collaborateurs et profiter de leur expérience pour évangéliser les autres.
Un constat commun émerge également des échanges : l’électrification ne doit pas être perçue comme une contrainte, mais comme une opportunité, notamment sur le plan RH. S’appuyer sur la montée en gamme des véhicules électriques – souvent mieux équipés et plus confortables – est un argument efficace auprès des collaborateurs.
“Pour les ambulanciers, les véhicules électriques sont beaucoup plus confortables. Leur proposer ce type de véhicule est donc perçu comme un gage de reconnaissance. Un véritable levier de fidélisation”, ajoute Christophe Hégron.
Pour accompagner cette transition, de nombreuses entreprises proposent par ailleurs des formations à la conduite électrique, afin d’aider les conducteurs à adapter leurs comportements (accélérométrie, freinométrie, etc.).
Katia Lehnert, Chef de projet Mobilité Durable et RSE chez FATEC conclut : “Le marché est aujourd’hui suffisamment mature pour répondre aux attentes des entreprises sur tous les plans : fiscalité incitative, offre élargie et plus attractive, autonomies plus importantes… tous les voyants sont au vert pour activer les possibles !”