Le Projet de Loi de Finances pour 2026, actuellement en cours de discussion, marque une intensification de la pression sur les flottes de véhicules d’entreprise, avec un durcissement programmé des taxes pour les motorisations thermiques et les véhicules lourds.
Même si le texte n’est pas encore définitivement voté, les grandes lignes directrices sont posées.
Dans cet article, nous décryptons les mesures du PLF 2026 et nous analyserons leur impact pour vous aider à comprendre les changements à venir et vous donner les leviers à activer pour éviter les surcoûts liés à la fiscalité.
Ce qui devrait changer pour votre flotte en 2026
Un durcissement de la fiscalité à l’acquisition de nouveaux véhicules dans le parc
À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, la fiscalité va se durcir pour les véhicules de société et les modèles de tourisme. Chaque achat ou renouvellement de contrat de leasing sera impacté par les nouvelles mesures prévues dans le projet de Loi de Finances.
Une baisse du seuil de déclenchement du malus CO₂.
Le seuil de déclenchement du malus s’abaissera dès 108 grammes de dioxyde de carbone par kilomètre (norme WLTP) en 2026 pour arriver à 98 grammes en 2028. De plus, le plafond maximal de cette taxe, serait également augmenté à hauteur de 100 000 € maximum pour les véhicules les plus polluants, contre 70 000 € en 2025 et 90 000 € en 2027.
Cela signifie que des modèles thermiques ou micro-hybrides « standards » basculeront dans des tranches pénalisantes plus tôt que prévu.
| Indicateur (WLTP) | 2024 | 2025 | 2026 | 2027 | 2028 (Projet PLF 2026) |
| Seuil de Déclenchement | 118 g/km | 113 g/km | 108 g/km | 103 g/km | 98 g/km 1 |
| Plafond Max. (€) | 60 000 € | 70 000 € | 80 000 € | 90 000 € | 100 000 € |
La date pivot prévue au 1er juillet 2026
La formule de calcul de la puissance fiscale (PA) devrait évoluer en milieu d’année. Pour un véhicule dont la première immatriculation intervient après le 1ᵉʳ juillet 2026, le coefficient appliqué à la puissance nette maximale (PM) sera modifié, passant de 0,136 à 0,067.
Cette modification technique impactera le coût final du certificat d’immatriculation (la carte grise), rendant le second semestre fiscalement différent du premier.
Barème puissance
Dès 2028, la pression fiscale devrait s’accentuer sur les véhicules de tourisme puissants, avec une taxation débutant dès 3 CV et devenant très lourde pour les modèles de direction dépassant 10 ou 11 CV.
Barème en puissance administrative
| Fraction de la puissance administrative (en CV) | Tarif marginal (en €) |
| Jusqu’à 3 | 2 700 |
| De 4 à 6 | 3 900 |
| De 7 à 10 | 5 700 |
| De 11 à 15 | 6 600 |
| À partir de 16 | 8 100 |
Source : PLF 2026
Masse et classification : le cas des utilitaires électrifiés
Votre flotte d’utilitaires va connaître un changement important dans le traitement fiscal de sa masse, particulièrement si vous disposez de véhicules électriques.
De nombreux utilitaires électriques (catégorie N1 d’origine) finissent par être classés en catégorie N2 simplement à cause du surpoids lié à leur batterie. C’est pénalisant, mais ce n’est pas logique fiscalement.
Le PLF règle cette anomalie. Ces véhicules « surclassés » uniquement pour des raisons technologiques seront désormais assimilés fiscalement à des N1 et bénéficieront d’un abattement majoré de 1 000 kg supplémentaires.
Concrètement, cela préserve la compétitivité fiscale de vos utilitaires électriques face aux modèles thermiques équivalents.
A partir de 2028, l’électrique risquera de devenir un peu moins avantageux fiscalement. Autre changement, jusqu’à aujourd’hui, les véhicules électriques bénéficiaient d’une exonération complète du malus au poids (taxe sur la masse en ordre de marche).
À compter du 1er janvier 2028, cette exemption disparaîtra. Ils ne conserveront qu’un abattement de 600 kg.
| Motorisation | Jusqu’au 30 juin 2026 | Dès le 1er juil. 2026 | 2027 | 2028 |
| Électrique (BEV) | Exonération | Exonération | Exonération | Abattement de 600 kg |
| Hybride Rechargeable | Exonération | Abattement 200 kg | Abattement 200 kg | Abattement 200 kg |
| Hybride simple | Abattement 100 kg | Abattement 100 kg | Abattement 100 kg | Abattement 100 kg |
| Hydrogène | Exonération | Exonération | Exonération | Exonération |
Quel impact sur le coût annuel de la flotte ?
Au-delà du coût d’acquisition, c’est le coût de détention annuel qui risque très probablement d’augmenter, risquant d’avoir un impact sur votre marge.
Augmentation de la taxe annuelle sur les polluants atmosphériques
La taxe annuelle sur les émissions de polluants (l’une des deux composantes remplaçant l’ex-TVS) est réorganisée. Elle cible les émissions de polluants atmosphériques et concerne les véhicules de sociétés utilisés en France. L’objectif est d’inciter les entreprises à investir dans des véhicules à très faible émission.
Trajectoire 2026–2028 : la hausse des tarifs
Le projet prévoit une augmentation progressive des montants pour les véhicules les plus polluants et ceux de la catégorie 1 (Crit’Air 1).
- Dès 2026, le tarif marginal grimpera à 650 €.
- Il passera à 800 € en 2027.
- Il atteindra 950 € en 2028. Cette visibilité sur trois ans vous permet de projeter dès maintenant le surcoût sur vos contrats de location longue durée en cours.
| Année | Crit’air E | Crit’air 1 | Véhicules les plus polluants |
| 2026 | 0 € | 130 € | 650 € |
| 2027 | 0 € | 160 € | 800 € |
| 2028 | 0 € | 190 € | 950 € |
La taxe annuelle sur les émissions de CO₂
Au-delà de la taxe sur les polluants atmosphériques, la fiscalité de détention comporte une seconde composante. La taxe annuelle sur les émissions de CO₂.
Le PLF 2026 durcit la trajectoire. Cette taxe se calcule au tarif marginal.
Le barème projeté pour 2028 (WLTP)
| Voici la grille tarifaire prévue pour 2028. Tranche d’émissions (WLTP) | Tarif par gramme (2028) |
| Jusqu’à 40 g/km | 1,20 € |
| De 41 à 48 g/km | 2,40 € |
| De 49 à 80 g/km | 3,60 € |
| De 81 à 100 g/km | 4,80 € |
| De 101 à 120 g/km | 12,00 € |
| De 121 à 140 g/km | 60,00 € |
| De 141 à 160 g/km | 72,00 € |
| Au-delà de 161 g/km | 78,00 € |
Un périmètre d’assujettissement précisé
Le PLF 2026 clarifie quels véhicules doivent être comptabilisés. Les entreprises sont redevables de ces deux taxes
- taxes sur les polluants atmosphériques et
- taxes sur les émissions de Co2.
Pour les véhicules qui ont intégré la flotte au cours de l’année civile.
Cela englobe donc les véhicules détenus (achetés) ainsi que ceux loués ou mis à disposition pour une durée d’au moins une année.
Cas particuliers et taxes d’immatriculation
Certaines catégories de véhicules et zones géographiques font l’objet d’un traitement spécifique qu’il ne faut pas négliger dans vos prévisions.
Véhicules de transport de personnes (≥ 8 places)
Les entreprises détenant des navettes, minibus verront leurs avantages se réduire. Pour les véhicules comportant au moins 8 places assises détenus par une personne morale, les abattements sur les émissions de CO₂ (utilisés pour le calcul du malus) sont revus à la baisse. Le seuil d’abattement passera progressivement à 100 g/km pour les véhicules immatriculés en 2028. Parallèlement, l’abattement sur la taxe au poids pour ces mêmes véhicules passera à 600 kg à partir du 1ᵉʳ janvier 2026.
| Date de première immatriculation du véhicule | Abattement (g/km) | Abattement (CV) |
| Avant 2021 | 0 | 0 |
| Entre le 1ᵉʳ janvier 2021 et le 28 février 2025 | 80 | 4 |
| Entre le 1ᵉʳ mars 2025 et le 31 décembre 2025 | 85 | 4 |
| 2026 | 90 | 4 |
| 2027 | 95 | 5 |
| 2028 | 100 | 5 |
Comment ces mesures risquent d’impacter vos coûts ?
Effet sur le TCO des contrats en cours et à venir
Le piège, c’est l’inertie des contrats. Lorsque vous commandez un véhicule en 2025 sur 36 ou 48 mois, il sera encore dans votre parc en 2028.
Ce qui veut dire que les contrats que vous signez aujourd’hui respectent les règles de 2025 (seuil à 113 g/km), mais ces mêmes véhicules vont subir de plein fouet les hausses de la taxe annuelle sur les polluants de 2026, 2027 et 2028.
De plus, votre TCO réel (Coût Total de Possession) ne correspondra plus à celui simulé au moment de la commande. Le surcoût à l’achat (si l’immatriculation intervient après juillet 2026) viendra s’ajouter à l’augmentation de la fiscalité de détention.
Une exposition aux taxes différente en fonction des véhicules
L’impact n’est pas homogène. Il touche de manière ciblée certaines catégories.
- Les véhicules de direction et SUV sont les plus exposés. Ils vont cumuler le durcissement du malus CO₂ (dès 98 g/km en 2028), le nouveau barème au poids et surtout la taxe sur la puissance administrative qui s’envole pour les véhicules puissants (au-delà de 10 CV).
- Pour les VUL et véhicules transformés, la vigilance se porte sur la masse. La nouvelle classification fiscale permet certes aux utilitaires électriques lourds (N2) d’être traités comme des N1, mais les modèles thermiques lourds ne passeront pas entre les mailles du durcissement global.
Remplacer les véhicules les plus polluants par des véhicules plus verts reste la meilleure solution pour éviter les sanctions fiscales. Les exonérations (puis abattements) limitent la dérive des coûts.
Attention toutefois aux « faux-amis » : un très gros SUV électrique commandé en 2028 ne sera plus totalement exonéré de taxe au poids, il bénéficiera uniquement d’un abattement de 600 kg.
Quels leviers d’optimisation pour réduire le TCO de la flotte ?
Face au durcissement fiscal, ne rien faire vous expose à une hausse significative des coûts de votre flotte. La seule façon de reprendre la main sur votre TCO est d’analyser précisément l’impact des taxations pour éviter qu’elles n’entament vos marges.
1. Audit de flotte orienté fiscalité
La première étape est de faire un audit complet de votre flotte. Cela vous donnera une vision claire de l’impact fiscal sur vos coûts et vous permettra surtout de mettre en place une stratégie pour anticiper les hausses des années à venir. Grâce à cet audit, vous pourrez identifier les véhicules les plus à risque : véhicules de fonction ou utilitaires thermiques dont le coût de détention va fortement augmenter entre 2026 et 2028. Vous isolerez ainsi les modèles qui vont peser le plus lourd sur la fiscalité de votre entreprise.
2. Un verdissement stratégique de la flotte
Après l’audit, vous saurez exactement quels véhicules remplacer et par quels modèles, en fonction des besoins réels de vos collaborateurs. Vous pourrez classer vos véhicules selon leur exposition fiscale et leur date de fin de contrat pour agir de manière rationnelle.
L’objectif est de planifier un remplacement progressif et intelligent :
- Sortir les véhicules les plus coûteux avant les échéances clés
- Anticiper les commandes de véhicules électriques ou hybrides rechargeables pour sécuriser les exonérations actuelles avant leur réduction
- Intégrer dans vos calculs de leasing l’impact sur la valeur de revente des véhicules thermiques fortement taxés
FATEC vous accompagne pour transformer ces contraintes réglementaires en levier de performance économique